Les agriculteurs, acteurs de l’innovation avec Artémis
Le réseau de plateformes d’expérimentation Artémis se veut au plus près des préoccupations de ses adhérents, en les impliquant dès la conception de ses essais. Première expérience en agriculture biologique.
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Depuis dix ans, le réseau d’expérimentation Artémis, porté par six coopératives de Bourgogne-Franche-Comté (1), apporte des références techniques à l’ensemble des agriculteurs de son territoire. « Le premier mode de valorisation des résultats auprès de nos adhérents reste l’organisation de visites classiques sur les plateformes vitrines, explique Martin Lechenet, de Dijon céréales, et animateur du réseau. Mais il y a deux ans, nous avions besoin de produire des références en agriculture biologique en plateau. Nous avons alors mis en place une plateforme allant plus loin que la simple vitrine en incarnant et confrontant différentes philosophies d’agriculteurs en bio. L’idée étant de personnifier différentes stratégies pour que chaque agriculteur puisse s’y reconnaître. »
Co-conception et aire de jeux
Quatre philosophies, appelées « persona », ont ainsi été identifiées et traduites en systèmes d’exploitation. « Nous avons impliqué nos agriculteurs dans leur construction en invitant une dizaine d’entre eux, représentant les quatre stratégies, à un atelier de co-conception. » Il y a tout d’abord le « céréalier technique » et le « polyculteur-éleveur technique » qui, tous deux, ont pour objectif d’optimiser leur rentabilité par la maîtrise de leur système sur le long terme. Le « céréalier à l’affût des marchés de niche », quant à lui, cherche à maximiser sa rentabilité à court terme en misant sur des cultures nouvelles à forte valeur ajoutée. Et enfin, « le céréalier minimaliste » minimise les requis techniques, la charge de travail et les charges financières. Située à Pellerey, en Côte-d’Or, cette plateforme d’environ 1 ha est divisée en 12 parcelles, chaque système étant répété 4 fois. Autre singularité, elle contient une « aire de jeux ». « Elle nous permet de tester des leviers particuliers, que l’on choisit par la suite d’intégrer ou non aux systèmes en fonction des résultats », précise Martin Lechenet qui a tiré ce concept d’une plateforme de l’université de Pise, en Italie. « C’est de l’iterative design, on améliore continuellement notre stratégie en boucle de progrès. Le point de départ, ce sont les agriculteurs, mais si des incohérences apparaissent, on améliore les stratégies. Au bout de dix ans on aura un système hyperoptimisé, et ce système est déjà un résultat en lui-même. »
Lucie Petit
(1) Dijon céréales, Terre Comtoise, Bourgogne du Sud, Interval, 110 Bourgogne et Ynovae.
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